Protection de l’enfance : le long combat des anciens placés pour faire reconnaître leur expertise

Protection de l’enfance : le long combat des anciens placés pour faire reconnaître leur expertise
Publié le
June 27, 2024
Protection de l’enfance : le long combat des anciens placés pour faire reconnaître leur expertise - Leur protection est un vieil angle mort des politiques publiques. Alors que se déroulent les Assises nationales de la protection de l’enfance ces 27 et 28 juin, les anciens enfants placés continuent de mener bataille.

Le Comité de vigilance des enfants placés ne lâchera rien. Créé en mars dernier pour participer aux travaux de la commission d’enquête sur les dysfonctionnements de la protection de l’enfance menée par le Parti socialiste, le comité est maintenu malgré l’arrêt prématuré de cette commission, conséquence de la dissolution de l’Assemblée nationale. Le but : entretenir la pression sur un enjeu absent des élections législatives.

Car il aura fallu plusieurs décennies pour qu’enfin les politiques s’intéressent à cette question, mais surtout prennent en compte la parole des anciens enfants placés. Ces derniers n’entendent donc pas perdre ce qu’ils ont durement gagné, à savoir leur légitimité. « C’est une très vieille histoire, note Philippe Fabry, formateur en travail social au Centre de recherche éducation et formation de l’université Paris-Nanterre. Elle remonte aux années 1950, lorsque des anciens des Adepape (Associations départementales d’entraide des personnes accueillies en protection de l’enfance) ont commencé à témoigner de leurs vécus. À l’époque, il s’agissait de montrer que les pupilles de l’État pouvaient réussir dans la vie. L’objectif était de les déstigmatiser, car être un enfant de la Ddass était alors perçu comme honteux. » Ce premier pas va faire naître un mouvement de solidarité et de rencontres, et contribuer à l’élaboration d’un véritable réseau qui, peu à peu, va intégrer les anciens enfants placés. « Puis le cadre légal va leur donner davantage de droits : l’accès aux conseils de famille, aux instances départementales, puis aux commissions d’évaluation de la situation et du statut des enfants confiés, avec la loi de 2016 sur la protection de l’enfance. » Quelque soixante-dix ans donc, pour devenir enfin acteurs de questions qui les concernent directement.

Pendant tout ce temps, l’ancien enfant placé, cantonné au statut de victime, n’est visible que par le prisme de son parcours. Son recul, son analyse, son expertise, sont niés. Lorsque Lyes Louffok, militant des droits de l’enfant ayant lui-même une histoire de placement, arrive dans ce jeu de quilles dans les années 2010, les témoignages sont encore rares tant est grand le risque de faire exploser la question des violences dans la protection de l’enfance, un tabou. Son livre Dans l’enfer des foyers (éd. Flammarion) fait du bruit, mais principalement dans le microcosme du travail social. Il sort en 2014, comme le documentaire de deux journalistes, Enfants en souffrance, la honte ! Pour Lyes Louffok, le combat, âpre, commence par la mise au jour des violences institutionnelles. « Notre héritage est celui de la révolte des bagnes d’enfants, qui a mené à des réformes de la justice des mineurs », nous explique-t-il.

Source : www.genethique.org

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