Cela influence irrémédiablement nos relations avec les autres et le type de société que nous construisons.
C'est ce que pense Claudine Haroche, sociologue et anthropologue française, qui a commencé sa carrière au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) jusqu'à en devenir directrice émérite. Pour elle, alors que le sentiment d'appartenance existait autrefois grâce à des liens étroits et chaleureux, nous sommes aujourd'hui confrontés à des liens sociaux caractérisés par un anonymat et un isolement froids, un processus qui s'intensifie de plus en plus dans les sociétés individualistes. Claudine Haroche travaille dans une approche transdisciplinaire pour comprendre comment les mœurs, les comportements, les sentiments et la personnalité ont pu évoluer dans les sociétés contemporaines. Claudine Haroche est auteure de plusieurs ouvrages, dont "Histoire du visage : exprimer et taire les émotions" (1988) et "Tyrannies de la visibilité : le visible et l'invisible dans les sociétés contemporaines" (2011).
BBC - Vous dites dans vos livres qu'au cours de l'histoire, les êtres humains ont modifié la valeur de chaque sens. Alors qu'au Moyen Âge, le toucher et l'ouïe étaient beaucoup plus valorisés, aujourd'hui, c'est la vue qui l'est. Cela signifie-t-il que nous avons perdu le contact avec les gens ?
Haroche - En effet. Nous avons beaucoup moins de contacts avec les gens mais, en même temps, nous sommes toujours, par exemple, avec nos téléphones portables, qui sont tactiles. Et cela nous donne un faux sens de la réalité et du toucher.
C'est une période complexe parce que nous avons perdu le contact direct avec les gens, la communication étroite et le toucher. En même temps que la distance entre les gens augmente, nous nous exposons et nous nous montrons de plus en plus à la société, même si c'est de manière superficielle.
Source : www.bbc.com
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Claudine Haroche, sociologue et anthropologue, décrypte les enjeux des écrans et du numérique sur la société. Selon elle, ils modifient en profondeur les rapports humains qui s’appauvrissent, la réflexion sur soi qui devient inexistante et l’engagement politique qui se réduit. Tout cela conduit des générations au conformisme et pose de nombreuses questions sur la liberté.